Page:Austen - Orgueil et Préjugé.djvu/114

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Elle et miss Jane rougirent souvent pour Lydie et pour son mari, mais ceux-ci ne paroissoient s’apercevoir de rien qui pût le moins du monde les humilier.

Lydie et sa mère causèrent beaucoup, et Wickham, qui s’étoit assis auprès d’Elisabeth, se mit à lui demander des nouvelles de toutes ses connoissances, d’un ton si dégagé, qu’Elisabeth put à peine prendre sur elle de lui répondre. Wickham et son épouse mirent la conversation sur des sujets auxquels pour rien au monde Elisabeth et sa sœur n’auroient voulu toucher.

« Peut-on comprendre qu’il y aît déjà trois mois que je suis partie d’ici ? „ s’écria Lydie, “ je jurerois qu’il n’y a que quinze jours ! et pourtant ; que de choses se sont passées dès lors ! Ma foi ! celui qui m’auroit dit que je reviendrois mariée m’auroit bien surprise ! c’est pourtant une drôle de chose ! »

Mr. Bennet leva les yeux au ciel ; miss Jane souffroit le martyre. Elisabeth jeta à Lydie un coup-d’œil que toute autre auroit compris ; mais celle-ci, qui ne voyoit et n’entendoit que ce qu’il lui convenoit d’entendre et de voir, n’y fit aucune attention et continua son babil. « Oh ! maman, les gens du voisinage savent-ils que je suis mariée d’aujourd’hui ? Voici ce que j’ai fait pour