Page:Austen - Orgueil et Préjugé.djvu/67

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ployé votre temps beaucoup mieux. Personne, parmi ceux qui ont le bonheur de vous entendre ne peut trouver qu’il manque rien à votre jeu. Ni vous ni moi n’avons une exécution destinée aux étrangers. »

Lady Catherine qui s’impatientoit de ce qu’on pouvoit faire la conversation sans elle, demanda ce qu’on disoit. Alors Elisabeth se remit à jouer du piano. Milady s’approcha ; et après avoir écouté une minute, elle dit à Darcy : “ Elle ne doigte point mal du tout ; et je vous assure que si elle avoit été bien montrée, elle joueroit à faire plaisir, Pour le talent et le goût, je ne connois personne comme ma fille. Si sa santé lui avoit permis de travailler, elle auroit été d’une force très-distinguée. „

Elisabeth regarda Darcy, pour savoir s’il entroit dans cet éloge de sa cousine. Mais elle ne sut pas discerner le plus léger symptôme d’inclination. Lady Catherine continua à parler piano et exécution, tranchant sur bien des choses qu’elle n’entendoit pas, et donnant des avis et des leçons à Elisabeth, qui les recevoit avec autant de politesse et de modestie qu’elle savoit le faire. Tous les intervalles d’un morceau à l’autre étoient remplis de cette manière, et toujours Mr. Darcy et le colonel redemandoient quelque