Page:Austen - Orgueil et Préjugé.djvu/73

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« Je n’ai pas la moindre envie de nier que j’ai fait pour mon ami ce que j’aurois dû faire pour moi-même. »

Elisabeth ne fit pas semblant de comprendre ce que cette expression avoit de désobligeant pour elle ; mais elle n’en fut pas mieux disposée pour Darcy. « Ce n’est pas seulement sur cette affaire que je vous ai jugé, » continua-t-elle avec la même vivacité. « Mon opinion sur votre compte étoit depuis long-temps arrêtée, d’après la connoissance que j’ai eue de votre conduite avec Mr. Wickham. Sur ce sujet, que pouvez-vous avoir à dire ? Est-ce aussi pour rendre service à quelqu’un que vous avez été injuste avec lui ? „

“ Vous prenez un intérêt bien vif à ce monsieur là ! » reprit Darcy en rougissant beaucoup.

“ Il est impossible de ne pas s’intéresser à lui quand on connoît ses malheurs. »

“ Ses malheurs, » dit Darcy, d’un ton de mépris.

“ Oui, ses malheurs, dont vous êtes la cause. C’est vous qui l’avez réduit à la pauvreté, en lui retirant des avantages que vous saviez fort bien lui être destinés ; en le privant, de ce qu’il avoit mérité ; et après vous être conduit comme vous l’avez fait, vous