un être qui l’écouteroit toujours volontiers. Cependant la prudence ne lui avoit pas permis de faire la confidence entière ; elle n’osoit pas parler de l’autre moitié de la lettre, ni dire à sa sœur, à quel point elle avoit été aimée de Bingley. Il y avoit donc encore un secret qu’elle n’osoit confier à personne, et elle étoit sans espérance de pouvoir jamais le dire à Jane. Car si même elle retrouvoit une fois Bingley et qu’il lui fût resté fidèle, elle sauroit tout avant qu’elle eût pu l’en instruire.
Jane n’étoit pas heureuse, elle conservoit une tendre affection pour Bingley ; son sentiment avoit toute la vivacité d’un premier attachement, et son âge et son caractère lui donnoient plus de force et de consistance, qu’il n’en a ordinairement. Son souvenir lui étoit si cher, qu’il falloit toute sa raison et tout le désir qu’elle avoit