Page:Austen - Orgueil et Prevention 1.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
96
ORGUEIL

remarquer, tout en feuilletant un cahier de musique, que les yeux de M. Darcy étaient continuellement fixés sur elle ; elle ne croyait guère pouvoir inspirer quelque intérêt à un homme si supérieur, et cependant la regarder ainsi par un sentiment d’aversion eût été une chose encore plus surprenante ; à la fin elle s’imagina qu’elle attirait son attention par des manières à ses yeux moins aimables que celles des autres : cette idée ne lui fit pas de peine, elle l’aimait trop peu pour s’embarrasser de lui plaire. Après des ariettes italiennes, Mlle  Bingley exécuta un air écossais ; et M. Darcy, s’approchant d’Elisabeth, lui dit :

« Cet air, Mademoiselle, ne vous fait-il pas désirer de danser un reel ? »[1].

Elle sourit, mais ne fit point de réponse ; il répéta la question, un peu surpris de son silence.

« Je vous avais bien entendu, monsieur,

  1. Danse écossaise fort peu à la mode maintenant.