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Page:Austen - Orgueil et Prevention 2.djvu/137

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ET PRÉVENTION

années, de cette aisance qui lui était due, et qu’il méritait si bien. Vous avez fait tout cela, et vous pouvez encore traiter ses malheurs avec mépris et ironie !…

» — Et telle est, s’écria Darcy en se promenant dans le salon à pas précipités, votre opinion de moi ? Quoi ! je ne vous ai même pas inspiré la moindre estime ! Je vous remercie de vous être expliquée si franchement. Mes fautes, selon ce calcul, sont graves, en vérité ; mais peut-être, ajouta-t-il en s’arrêtant et se tournant vers elle, que ces torts auraient pu être oubliés, si je n’eusse blessé votre orgueil par l’honnête aveu des scrupules qui m’ont empêché long-temps de former à votre égard aucun dessein sérieux. Ces amères accusations ne m’eussent sans doute point été adressées, si, avec plus d’art, j’avais su cacher ma pensée, et si, en vous flattant, je vous eusse persuadée que l’inclination la plus vive, la plus raisonnable, la plus réfléchie, m’entraînait vers vous. Mais le moindre déguisement est au-dessous de moi, et je ne saurais