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Orgueil

À la fin, toutes ses idées semblèrent lui manquer, et après être resté quelques instans sans rien dire, il se remit soudain, et prit congé d’elle.

Les Gardener la joignirent alors, et louèrent beaucoup la belle tournure de M. Darcy, mais Élisabeth ne les put écouter et, tout absorbée dans ses réflexions, les suivit en silence. Elle était accablée de honte et de chagrin : sa venue à Pemberley était, selon elle, la chose la plus imprudente, la plus malheureuse ; qu’allait-il en penser ? Quelle idée une telle démarche ne pouvait-elle pas donner à un homme aussi vain ? Ne semblait-il pas qu’elle se fût à dessein jetée encore sur son chemin ? Oh ! maudit voyage ! pourquoi y avait-elle consentit, ou pourquoi était-il arrivé un jour plus tôt qu’on ne l’attendait ? Si seulement il avait tardé de quelques instans ; si elle eût elle-même été plus avancée dans le parc, cette fatale rencontre n’aurait point eu lieu, car il est évident qu’il ne faisait que d’arriver, qu’il venait de descendre