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ET PRÉVENTION.

j’ai été gâté par mes parens, qui, quoique bons eux-mêmes (mon père surtout a été un modèle de vertu et de bonté), m’ont encouragé, je dirai presque m’ont enseigné à être égoïste et suffisant, à n’avoir d’estime et d’affection que pour ceux qui étaient de notre famille, à mépriser le reste des hommes, ou du moins à les juger bien inférieurs à moi. Tel j’ai été depuis l’âge de huit ans jusqu’à trente, et tel je serais sans doute encore sans vous, charmante Élisabeth ! Que ne vous dois-je pas ? Vous me donnâtes une leçon pénible, il est vrai, mais des plus avantageuses : par vous j’ai été justement humilié ; je suis venu à vous sans le moindre doute sur l’accueil que je recevrais, et vous m’avez montré combien toutes mes prétentions étaient insuffisantes pour plaire à une femme qui méritait réellement qu’on l’aimât.

» — Vous vous étiez donc persuadé que j’accéderais à vos vœux ?

» — Oui, vraiment ! Qu’allez-vous penser de ma vanité ? je vous croyais atten-