Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/11

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chapitre 3


Toutes les questions que Mme Bennet et ses cinq filles purent faire à ce sujet n’engagèrent point son mari à leur dire comment il avait trouvé M. Bingley ; elles l’attaquèrent de différentes manières, par des demandes, des suppositions ingénieuses : mais il éluda leur finesse et elles furent obligées de s’en rapporter à leur voisine lady Lucas, qui en parlait très favorablement. Sir William avait été enchanté de M. Bingley ; il était jeune, beau, extrêmement aimable et, pour couronner le tout, il comptait aller au premier bal avec une nombreuse société ; rien ne pouvait être plus délicieux ! Aimer la danse était déjà le premier pas fait pour devenir amoureux, et de grandes espérances furent fondées sur la sensibilité du cœur de M. Bingley.

« Si je puis voir une de mes filles heureusement établie à Netherfield, dit Mme Bennet à son mari, et les autres également bien mariées, je n’aurai plus rien à désirer. »

Quelques jours après M. Bingley vint rendre visite à M. Bennet, qui le reçut dans son cabinet ; le premier avait espéré qu’on le présenterait à ces demoiselles, dont il avait ouï vanter la beauté ; mais il ne vit que le père. Ces dames furent plus heureuses ; elles eurent l’avantage de s’assurer, par une des fenêtres, qu’il portait un habit bleu et montait un cheval noir.

On l’invita bientôt à diner ; et Mme Bennet avait déjà donné les ordres nécessaires, afin que son repas lui fît honneur, lorsqu’on lui remit une réponse qui dérangea