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Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/119

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de tels défauts elle ne pourrait contribuer à ma félicité.

— Vous m’avez mal entendu, monsieur, dit Mme Bennet, tout alarmée, Lizzy n’a d’entêtement que sur certaines choses ; en général c’est la meilleure enfant du monde : je vais de ce pas parler à M. Bennet, et soyez sûr que nous saurons la rendre raisonnable » ; et, sans lui donner le temps de répondre, elle alla trouver son mari.

« Oh ! monsieur Bennet, s’écria-t-elle en entrant, votre présence m’est nécessaire ; toute la maison est en confusion ; venez forcer Lizzy à épouser M. Colins, car elle déclare qu’elle ne veut point de lui, et si vous ne faites diligence, il changera lui-même d’avis, et ne voudra plus d’elle. »

M. Bennet, lorsqu’elle entra, levant les yeux de dessus son livre, les porta sur elle avec l’air d’une profonde indifférence, que ne put en rien altérer la vivacité de ce récit.

«Je n’ai pas le bonheur de vous comprendre, lui dit-il, dès qu’elle eut fini, de quoi me parlez-vous ?

— De M. Colins et de Lizzy ! Lizzy assure qu’elle n’épousera pas M. Colins, et M. Colins commence à dire qu’il ne veut plus de Lizzy.

— Et que puis-je faire à cela ? C’est une affaire qui me paraît désespérée.

— Parlez-en à Lizzy ; ordonnez-lui de l’épouser.

— Qu’on me la fasse venir, je lui dirai mon sentiment. »

Mme Bennet sonna, et Élisabeth eut ordre de se rendre dans la bibliothèque.

« Approchez, ma fille ! s’écria le père dès qu’elle parut. Je vous ai fait appeler pour une affaire importante ; il paraît que M. Colins vous a demandée en mariage : cela est-il vrai ?

— Oui, mon père.

— Et vous l’avez refusé ?

— Oui, mon père.

— Nous voilà au but ; votre mère vous commande de l’épouser ; dis-je bien, madame Bennet ?