Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/158

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chapitre 27


Les mois de janvier et de février se passèrent sans autres événements remarquables pour la famille Bennet, et vers les premiers jours de mars, Élisabeth devait se rendre à Hunsford ; d’abord elle n’avait point sérieusement pensé à faire ce voyage, mais voyant que Charlotte en parlait dans toutes ses lettres, elle s’accoutuma peu à peu à le regarder comme une chose arrêtée ; l’absence avait augmenté son désir de revoir Charlotte, et diminué son antipathie pour M. Colins ; comme avec une mère et des sœurs si peu sociables, les veillées à Longbourn se passaient assez tristement, un changement de lieu ne laissait point d’offrir quelques charmes : ce voyage lui procurerait aussi le plaisir de voir sa chère Hélen ; et quand le jour du départ approcha, le moindre délai l’eût fort contrariée, mais tout se décida enfin au gré de ses désirs ; le seul chagrin qu’elle éprouva ce fut de quitter son père pour qui sa société, elle le savait, était nécessaire, et qui la voyant partir en parut si peu satisfait, qu’il lui dit une ou deux fois de lui écrire et fut même jusqu’à promettre de lui répondre.

L’adieu entre elle et Wickham fut fort amical ; du côté de Wickham, peut-être plus qu’amical ; ses nouveaux projets ne pouvaient lui faire oublier qu’Élisabeth avait été le première à recevoir ses soins, la première à l’écouter, à le plaindre ; elle lui avait plu la première et, dans sa manière de lui dire adieu, de lui souhaiter une bonne santé, un voyage agréable, de lui rappeler ce qu’elle avait à attendre de lady Catherine, et dans sa confiance que leur opinion sur cette dame, sur Rosings, sur tout enfin, coïnciderait toujours, il y