Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/176

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l’admirer, et jamais elle n’avait eu l’ennui d’y trouver lady Catherine.

Ainsi se passa la première quinzaine de son séjour ; Pâques approchait et la semaine suivante devait voir augmenter le cercle de Rosings, ce qui, dans une famille si peu nombreuse, était un événement intéressant. Élisabeth avait entendu dire, peu après son arrivée dans Kent, que M. Darcy y était attendu ; et quoiqu’il y eût peu de ses connaissances qu’elle ne préférât à lui, sa venue offrirait du moins quelques nouveaux sujets de conversation, lors de leur visite à Rosings, et elle pensa qu’elle se pourrait aussi divertir à voir par sa conduite avec Mlle de Brough combien les espérances de miss Bingley étaient mal fondées, car il était évident que lady Catherine le destinait à sa fille. Elle parlait de lui avec un plaisir tout particulier, vantant beaucoup son esprit et sa tournure, et paraissait presque mécontente qu’il fût déjà connu d’Élisabeth et de Mlle Lucas.

Son arrivée fut bientôt sue au presbytère ; M. Colins durant toute la matinée s’était promené près de la principale grille du château, afin d’en être plus tôt instruit ; ayant fort respectueusement salué, comme la voiture entrait au parc, il revint à la hâte chez lui conter cette grande nouvelle. Le lendemain il ne manqua point d’aller à Rosings rendre ses devoirs, et, contre son attente, il y trouva deux neveux de lady Catherine ; M. Darcy avait amené avec lui un colonel : Fitz-William, fils cadet de son oncle lord*** ; et au grand étonnement de toute la famille, lorsque M. Colins revint, ces messieurs l’accompagnèrent ; Charlotte en ce moment occupée dans le cabinet de son mari, les vit comme ils traversaient la route et courut aussitôt annoncer cette visite à sa sœur et à Élisabeth, ajoutant :

« Je vous puis remercier, Élisa, de cette marque d’attention, M. Darcy ne me serait point venu voir le lendemain de son arrivée, si j’eusse été seule. »

À peine Élisabeth avait-elle assuré n’avoir nul droit à ce compliment, que la sonnette de la porte annonça qu’ils approchaient, et l’instant d’après ces trois messieurs