Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/223

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chapitre 38


Le samedi matin Élisabeth et M. Colins se rencontrèrent dans la salle à manger, quelques instants avant le reste de la famille ; il profita de cette occasion pour lui faire ses derniers compliments, ce qu’il croyait être une chose indispensable.

« Je ne sais, mademoiselle, lui dit-il, si Mme Colins vous a encore exprimé toute sa reconnaissance de votre aimable visite, mais je suis sûr qu’elle ne vous laissera pas partir sans vous en remercier ; la faveur que vous nous avez accordée, a été, je vous assure, dignement appréciée ; nous savons que notre humble demeure n’a rien qui puisse plaire à une femme du monde ; notre manière de vivre si simple, le peu d’élégance de nos petits appartements, le petit nombre de nos domestiques et surtout le peu de société que nous voyons, doivent rendre Hunsford bien triste pour une demoiselle telle que vous. Aussi soyez persuadée que nous sentons vivement la grâce que vous nous avez faite et croyez que nous avons fait tout ce qui dépendait de nous pour vous empêcher de passer votre temps trop désagréablement. »

Élisabeth fut prodigue de remerciements : elle avait passé ces six semaines de la manière la plus agréable, et le plaisir d’être avec Charlotte, et toutes les prévenances qu’elle avait reçues, lui faisaient sentir que c’était à elle à les remercier. M. Colins parut flatté, et d’un air satisfait, il reprit :

« J’éprouve un sensible plaisir à vous entendre dire, que vous ne vous êtes point trop ennuyée avec nous ; nous