Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/23

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fois. Il est vrai que cela pouvait faire croire qu’il la trouvait à son goût : je m’en suis un peu doutée ; je sais qu’il en a dit quelque chose à M. Robinson.

— Peut-être parlez-vous de la conversation qu’il eut avec M. Robinson ; ne vous ai-je pas dit que je l’avais entendue ? M. Robinson lui demandait comment il trouvait l’assemblée de Meryton ; s’il ne croyait pas qu’il y eût beaucoup de jolies femmes dans ce salon, et laquelle il trouvait la plus belle. À cette dernière question, il répondit avec vivacité : « Oh ! l’aînée des demoiselles Bennet ; il ne peut y avoir deux opinions sur ce point. »

— Ah ! ah ! vraiment, c’était se déclarer assez ; cela aurait un air de… ; mais ce ne sont que des conjectures.

— Mes rapports sont plus flatteurs pour votre mère que les vôtres, Éliza, dit Charlotte ; il vaut mieux écouter M. Bingley que son ami, n’est-ce pas ? Pauvre Éliza ! n’être que passable !

— Je vous prie de ne point persuader à Lizzy qu’elle doive s’offenser de cette impertinence, car c’est un homme si ennuyeux que je serais fâchée qu’elle lui eût plu. Mme Long m’a dit, hier au soir, qu’il avait été assis auprès d’elle pendant plus d’une demi-heure, mais n’avait pas daigné ouvrir la bouche.

— En êtes-vous bien sûre, maman ? Je crois que vous vous trompez, j’ai certainement vu M. Darcy lui parler, dit Hélen.

— Oh ! parce qu’elle lui demanda s’il aimait Netherfield, il fut obligé de répondre, mais il paraissait très fâché qu’on eût pris la liberté de lui adresser la parole.

— Mlle Bingley m’a dit, reprit Hélen, qu’il parlait fort peu aux étrangers, mais qu’avec ses amis il était extrêmement aimable.

— Je ne le crois pas, ma chère ; s’il avait été si aimable, il eût causé avec Mme Long. Mais je me doute bien de ce qu’il en est : on dit qu’il est d’une fierté intolérable, et je pense qu’il aura su que Mme Long n’avait point d’équipage et qu’elle était venue au bal dans une chaise de poste.

— Je me soucie fort peu qu’il ait parlé ou non à