Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/232

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chapitre 40


L’impatience qu’avait Élisabeth de communiquer à Hélen ce qui lui était arrivé, ne pouvait plus être réprimée et s’étant enfin décidée à cacher les détails qui concernaient sa sœur, et l’ayant prévenue qu’elle lui allait causer une vive surprise, elle lui raconta la scène passée entre elle et M. Darcy.

L’étonnement de Mlle Bennet fut bientôt diminué par ce vif attachement pour Élisabeth, qui la portait facilement à croire tout ce qui pouvait être à l’avantage de cette sœur chérie ; et d’ailleurs toute surprise s’évanouit bientôt pour faire place à un autre sentiment. Elle était fâchée que M. Darcy eût exprimé ses vœux d’une manière si peu propre à les faire agréer, et bien plus affligée encore de la peine que lui avait dû causer le refus d’Élisabeth.

« Paraître si certain de réussir, dit-elle, était assez maladroit ; mais pensez donc combien cette circonstance même a dû accroître sa mortification !

— En vérité, répondit Élisabeth, je le plains de tout mon cœur, mais je ne doute pas que son orgueil ne sache bientôt vaincre sa passion pour moi. Vous ne me blâmez point cependant de l’avoir refusé ?

— Vous blâmer ! non.

— Mais peut-être désapprouvez-vous la manière dont j’ai parlé de Wickham ?

— Non, je ne vois pas qu’en cela vous ayez eu tort.

— Vous en allez juger différemment, lorsque vous saurez ce qui s’est passé le jour suivant. »