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Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/246

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l’attendait pour aller au camp. Celles à sa sœur étaient encore moins instructives, car, quoique plus longues, elles contenaient trop de lignes soulignées, pour qu’elles pussent être communiquées au reste de la famille.

Après les premiers quinze jours de son absence, la santé, la tranquillité, l’enjouement, reparurent à Longbourn ; tout y prit un aspect plus riant : les familles qui étaient allées passer l’hiver à Londres, revinrent dans leur terre, et les modes d’été et les fêtes champêtres offrirent quelques distractions. Mme Bennet avait repris sa dolente sérénité ; vers le milieu de juin, Kitty même était assez bien remise pour entrer dans Meryton sans fondre en larmes, circonstance qui parut d’un si bon augure à Élisabeth, qu’elle lui fit espérer que vers Noël, elle serait assez raisonnable pour ne parler d’officiers guère plus d’une fois par jour, à moins que par quelque fatal décret du ministre de la Guerre un autre régiment ne fût cantonné à Meryton.

L’époque fixée pour leur excursion au nord approchait rapidement ; les premiers jours de juillet les devaient voir en route, et l’on était déjà au quinze de juin, lorsqu’une lettre de Mme Gardener vint apporter à Élisabeth la fâcheuse nouvelle que leur voyage était non seulement différé, mais encore abrégé. M. Gardener se trouvait dans l’impossibilité de partir avant la dernière quinzaine de juillet, et encore ne pouvait-il être absent qu’un mois ; et comme cet espace de temps était très court pour leur permettre d’aller aussi loin qu’ils l’avaient d’abord projeté, il fallait renoncer aux lacs, se contenter d’un tour moins étendu, et Derbyshire devait maintenant être leur limite au nord. Dans le comté, il y avait, il est vrai, assez pour les bien occuper pendant trois semaines. Ce lieu offrait à Mme Gardener un attrait particulier : la ville où elle avait passé plusieurs de ses plus belles années, et où maintenant ils devaient demeurer quelques jours, était sans doute pour elle un objet aussi intéressant que toutes les célèbres beautés de Matlock, Chatsworth, Dovedale ou le Peak.

Élisabeth fut extrêmement désappointée ; elle désirait fort voir les lacs, et croyait encore qu’on avait tout le temps