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Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/268

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dire, et plus d’une question à lui poser sur tous leurs amis d’Herfordshire. Élisabeth se plut à attribuer la joie qu’il semblait éprouver, à son désir de l’entendre parler d’Hélen et cette circonstance ainsi que plusieurs autres lui permirent de réfléchir avec satisfaction à la demi-heure qui venait de s’écouler, bien que pendant sa durée elle n’en eût joui que faiblement.

Fort empressée d’être seule, et craignant les questions ou les remarques de son oncle et de sa tante, elle ne resta avec eux qu’assez de temps pour connaître leur opinion sur M. Bingley, qui était des plus favorables, et les quitta pour aller s’habiller.

Mais elle n’avait nulle raison de craindre la curiosité de M. et Mme Gardener, ils ne désiraient aucunement forcer sa confiance. Tout leur disait que M. Darcy était bien mieux connu d’elle qu’ils ne l’avaient d’abord imaginé, qu’il en était même fort épris. Mais s’ils en avaient assez vu pour être vivement intéressés, ils pensaient aussi que la moindre question à ce sujet serait, de leur part, fort indiscrète.

Prendre de M. Darcy une opinion favorable, était maintenant l’objet de leurs désirs, et le peu qu’ils avaient vu de lui ne devait que les satisfaire. Ils ne pouvaient être insensibles à ses civilités et, s’ils eussent tracé son caractère, d’après leur propre sentiment et les rapports de la femme de charge, sans égard à aucune circonstance précédente la société d’Herfordshire, de laquelle il était connu aurait eu peine à le reconnaître. Ils avaient maintenant un intérêt réel à croire mistress Reynolds, et ils sentirent bientôt que l’opinion d’un domestique qui le connaissait depuis son enfance, et dont les manières seules inspiraient de l’estime, ne devait pas être si légèrement rejetée : d’ailleurs ils n’avaient rien appris sur lui depuis leur séjour à Lambton qui pût les engager à n’y point ajouter foi. On ne l’accusait que d’être fier. Fier, il l’était probablement ; et sinon, n’était-il pas naturel que les habitants d’un petit bourg que sa famille ne recevait pas, le crussent tel ? On avouait cependant qu’il était fort généreux, et faisait beaucoup de bien aux pauvres.