Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/287

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chapitre 47


« Plus je réfléchis à cette affaire, Élisabeth, dit son oncle comme ils quittaient la ville, et plus je suis enclin à partager l’opinion de votre sœur aînée. Il me semble si peu probable qu’un homme forme un pareil dessein sur une jeune personne, qui ne manque ni de parents ni d’amis, et qui résidait dans la maison même du colonel Forster, que je suis vraiment fort porté à mieux espérer. Pourrait-il croire que les parents de Lydia ne lui viendraient point demander raison d’une telle entreprise ? Pourrait-il espérer de jouir encore de quelque considération dans le régiment, après avoir fait un pareil affront à son colonel ! Non, non, il ne peut s’aveugler à ce point !

— Le pensez-vous réellement ? s’écria vivement Élisabeth.

— Vraiment, dit Mme Gardener, je commence à être de l’avis de votre oncle ; je ne puis penser que Wickham soit assez dépravé pour violer à ce point les lois de l’honneur, de l’amitié. Son propre intérêt le lui défend ; vous-même, Lizzy, pouvez-vous l’en croire capable ?

— Non de négliger ses propres intérêts, dit Élisabeth, mais si fait bien de toute autre chose… Si enfin vous en jugez mieux que moi, ce que je n’ose espérer, pourquoi ne sont-ils pas allés sur-le-champ en Écosse ?

— En premier lieu, reprit M. Gardener, il n’y a nulle preuve certaine qu’ils ne sont pas allés en Écosse.

— Oh ! mais quitter la chaise-poste, prendre un fiacre, voilà, ce me semble, des indices suffisants ? Et d’ailleurs on n’a pu découvrir aucune trace d’eux sur la route de Barnet.