Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/31

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et cependant les prétentions de tous ces gens-là… que ne donnerais-je pas pour vous entendre les critiquer !

— Vous conjecturez mal, je vous jure ; mon imagination était plus agréablement occupée ; je méditais sur l’extrême plaisir que peuvent causer les beaux yeux d’une jolie femme. »

Mlle Bingley le regarda fixement et manifesta le désir de savoir laquelle de ces deux dames avait su lui inspirer ces réflexions. M. Darcy répondit avec assurance :

« Mlle Élisabeth Bennet.

— Élisabeth Bennet ! répéta miss Bingley, vous m’étonnez beaucoup ; et depuis quand a-t-elle ce bonheur ? Quand pourra-t-on vous faire compliment du vôtre ?

— Voilà justement la question à laquelle je m’attendais ; l’imagination d’une femme est bien vive, elle passe en un instant de l’admiration à l’amour, et de l’amour au mariage. Je prévoyais votre compliment.

— Oh ! oh ! si vous êtes si sérieux, je croirai que c’est un parti pris absolument. Vous aurez vraiment une charmante belle-mère, et qui, sans doute, sera toujours avec vous à Pemberley. »

Il l’écoutait avec une parfaite indifférence, et cette tranquillité l’ayant rassurée, elle s’égaya longtemps sur le même sujet.