Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/313

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chapitre 50


Depuis longtemps, M. Bennet regrettait beaucoup de n’avoir point épargné sur ses revenus une somme annuelle, qui, placée prudemment, aurait assuré une existence indépendante à sa femme et à ses enfants ; maintenant il le regrettait bien plus encore ; si à cet égard il eût fait son devoir, Lydia ne serait point en ce moment redevable à son oncle du peu de considération et de bonheur qu’on pouvait désormais espérer pour elle ; la satisfaction d’engager un des plus mauvais sujets de la Grande-Bretagne à devenir son époux aurait du moins appartenu à celui qui de droit la devait obtenir.

Il était sincèrement affligé qu’une affaire si peu avantageuse pour aucun d’eux fût terminée par les soins et aux dépens de son beau-frère, et il résolut de faire tout ce qui dépendrait de lui pour découvrir le montant de ses avances, et acquitter cette dette sacrée, le plus tôt qu’il lui serait possible.

Dans les premières années du mariage de M. Bennet, toute économie avait été regardée comme chose parfaitement inutile, car naturellement, ils ne pouvaient manquer d’avoir un fils ; ce fils, dès qu’il serait majeur devait se joindre à son père pour annuler la substitution, et par ce moyen on ferait un sort à la veuve, et aux autres enfants. Cinq filles vinrent successivement au monde, cependant un fils était toujours attendu, et bien des années après la naissance de Lydia, Mme Bennet était sûre qu’il naîtrait enfin ; lorsque tout espoir en fut perdu, il n’était plus temps de devenir économe ; Mme Bennet