Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/321

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en phaéton, j’ai baissé la glace de la voiture, et ayant ôté mon gant, je lui ai montré ma bague ; j’espère qu’il m’a comprise. »

Élisabeth n’en put écouter davantage, elle quitta le salon, et ne revint que lorsqu’elle les entendit passer dans la salle à manger ; mais alors, elle les joignit encore assez tôt pour voir Lydia se placer d’un air triomphant à la droite de Mme Bennet, et l’entendre dire à sa sœur aînée :

« Ah ! Hélen je prends votre place maintenant ; il faut que vous me cédiez vos droits, je suis une femme mariée. »

Il n’était pas à présumer que le temps pût donner à Lydia cet embarras, cette timidité qu’elle avait si peu éprouvée dès les premiers moments ; son aisance, sa belle humeur ne firent que croître au contraire ; elle mourait d’envie de voir Mme Philips, les Lucas, et tous leurs autres voisins, de s’entendre appeler Mme Wickham par chacun d’eux, et en attendant, elle fut, aussitôt après le dîner, montrer sa bague et se vanter d’être mariée à mistress Hills et aux deux femmes de chambre.

« Eh bien ! maman, dit-elle, lorsqu’elles furent toutes revenues au salon, que pensez-vous de mon mari ? N’est-il pas un charmant homme ? Je suis sûre que mes sœurs me portent envie ; je leur souhaite seulement la moitié de ma bonne fortune ; mais il faut qu’elles aillent à Brighton, voilà vraiment l’endroit pour trouver des maris ; quel dommage, maman, que nous n’y soyons pas tous allés !

— Cela est vrai ! j’en avais bien le désir, mais, ma bien aimée Lydia, je n’aime pas du tout à vous voir aller si loin ; ce voyage est-il vraiment indispensable ?

— Oh oui ! mais cela ne doit pas vous chagriner ; quant à moi, j’en suis très contente ; il faut que vous, papa et mes sœurs veniez me voir à Newcastle ; nous y passerons tout l’hiver ; on y donne sans doute beaucoup de bals, et j’aurai soin de choisir pour elles les plus agréables danseurs.

— Cela me ferait un plaisir extrême, dit sa mère.

— Et alors quand vous partirez vous pourrez me laisser une ou deux de mes sœurs, et je ne doute point