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Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/329

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offrant de la servir en tout ce qui dépendrait de lui ; mais il trouva Lydia fort peu disposée à écouter ses avis. Elle ne se souciait d’aucun de ses parents ; elle n’avait nul besoin de ses services, et ne voulait point surtout se séparer de Wickham ; elle était sûre qu’ils se marieraient un jour ou l’autre. Peu lui importait que cela se fît maintenant ou plus tard, puisque telle était sa confiance. Il pensa donc qu’il ne restait d’autre ressource que de conclure promptement leur mariage. Dès sa première entrevue avec Wickham, il apprit facilement qu’il n’avait jamais eu la moindre intention de l’épouser ; des dettes d’honneur très pressantes l’avaient obligé, il l’avouait, à quitter le régiment, et il ne se faisait aucun scrupule d’attribuer à l’étourderie, à la vanité de Lydia toutes les suites fâcheuses que pouvait entraîner sa fuite. Il comptait donner sur-le-champ sa démission ; il n’avait point encore formé de plan pour sa conduite future : il fallait bien qu’il allât quelque part mais où ? Voilà ce qu’il ignorait ; et de toute manière il se trouvait sans aucune ressource. M. Darcy lui demanda alors pourquoi il n’avait pas épousé votre sœur, car encore que M. Bennet ne fût pas réputé très riche, il aurait pu du moins faire quelque chose pour lui ; mais par la réponse de Wickham, M. Darcy vit qu’il chérissait encore l’espoir de faire quelque jour un mariage riche et brillant. Dans des circonstances aussi embarrassantes, il n’était cependant pas à supposer qu’il résistât longtemps à l’offre d’un secours immédiat. Ils se virent plusieurs fois, car il y avait force matière à discussion. M. Wickham, comme de raison, demandait beaucoup plus qu’on ne lui voulait donner, mais à la fin il se vit forcé d’être raisonnable. Tout étant décidé entre eux, M. Darcy voulut alors en instruire votre oncle, et il passa chez nous, pour la première fois, la veille de mon arrivée, mais M. Gardener n’était pas visible, et M. Darcy apprit aussi que votre père était encore avec lui, et qu’il devait quitter Londres le lendemain matin. Pensant donc que dans une semblable affaire il était plus à propos de consulter votre oncle que votre père, il résolut d’attendre que ce dernier fût parti. Il ne laissa pas son nom, et, jusqu’au