Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/337

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Je pense souvent, disait-elle, qu’il n’y a rien d’aussi pénible que l’éloignement de ses amis, tout vous paraît sans eux si morne, si désert !

— Voilà ce que c’est, maman, que de marier ses enfants, repartit Élisabeth ; cela doit vous faire moins regretter, que les quatre autres ne le soient pas encore.

— Je ne crois pas cela du tout. Lydia ne me quitte pas, parce qu’elle est mariée, mais seulement parce que le régiment de son mari se trouve cantonné au loin ; s’il avait été plus proche de nous, elle ne m’eût pas quittée si tôt. »

Cependant une nouvelle qui commençait à se répandre dans le voisinage, vint bientôt dissiper sa tristesse et lui donner encore une fois les plus vives espérances. La femme de charge de Netherfield avait reçu l’ordre de tout préparer pour l’arrivée de son maître, qui devait y venir chasser pendant quelques semaines ; Mme Bennet était sur les épines. Elle regardait Hélen, souriait et pouvait à peine se soutenir.

« Ainsi donc, ma sœur, M. Bingley revient enfin dans Herfordshire (car ce fut Mme Philips qui lui en apporta la première nouvelle). Allons, tant mieux ; après tout, cependant, ce retour ne m’intéresse guère, il ne nous est rien, vous le savez, et je me soucie fort peu de le revoir ; il fait bien néanmoins de venir à Netherfield, si cela lui convient. Et qui sait ce qui peut arriver ? mais cela ne doit pas nous occuper. Vous savez, ma sœur, qu’il y a longtemps que nous nous sommes promis de n’en plus parler. Cependant êtes-vous bien sûre qu’il doit arriver ?

— Vous pouvez y compter, reprit l’autre, car mistress Nichols était hier soir à Meryton ; je la vis passer, et je sortis aussitôt pour lui parler moi-même… Elle m’a assuré que son maître serait ici jeudi prochain, au plus tard, peut-être même mercredi ; elle allait de ce pas ordonner des provisions pour le mercredi. »

Mlle Bennet n’avait pu, sans rougir, entendre parler de ce retour. Bien des mois s’étaient écoulés, depuis que le nom du propriétaire de Netherfield n’avait été prononcé