Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/355

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douce cordialité ; et jusqu’au moment où sa sœur les vint joindre, ce fut à elle qu’il vanta sa félicité, les divines perfections d’Hélen ; tout amoureux qu’il était, ses espérances de bonheur cependant ne parurent pas déraisonnables à Élisabeth, parce qu’elles avaient pour base le caractère angélique d’Hélen, son esprit si juste et si aimable, et cette grande similitude de goûts et de sentiments qui existaient entre elle et lui.

Cet événement répandit la joie dans toute la famille, et cette soirée put être comptée parmi ces moments heureux dont on jouit encore longtemps après qu’ils sont passés. Une douce satisfaction peinte dans tous les traits de miss Bennet la rendait plus belle que jamais ; Kitty souriait, parlait bas à sa mère, et espérait sans doute que son tour viendrait bientôt.

Mme Bennet ne pouvait exprimer à son gré, sa satisfaction, bien que pendant plus d’une demi-heure, elle ne parlât à Bingley d’autre chose ; et lorsque M. Bennet les joignit au souper, sa voix, ses manières disaient assez combien il était heureux.

Pas un mot cependant qui pût faire allusion à ce qui causait sa joie, ne fut prononcé en présence de leur convive ; mais dès que celui-ci les eut quittés, se tournant vers sa fille :

« Hélen, lui dit-il, je vous félicite, votre bonheur me paraît assuré. »

Hélen alla sur-le-champ l’embrasser, et le remercier de sa bonté.

« Vous êtes une bien bonne enfant, ajouta-t-il, j’ai un grand plaisir à songer que je vous puis établir si convenablement ; car je ne doute point, que vous ne soyez fort heureux ensemble : vos caractères se ressemblent assez ; vous êtes l’un et l’autre si complaisants que vous ne pourrez jamais vous décider à rien, si faciles que tous vos domestiques vous tromperont, et si généreux que vous dépenserez toujours plus que votre revenu.

— J’espère que non, dit Hélen, il serait vraiment impardonnable à moi de manquer d’ordre, ou de prudence.