Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/367

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monde en général serait trop sensé pour partager leur opinion.

— Et voilà votre sentiment, votre dernière résolution, cela me suffit : je saurai maintenant comment agir ! mais ne vous imaginez pas, mademoiselle Bennet, voir jamais votre ambition satisfaite. J’étais venue vous éprouver, je m’attendais à vous trouver plus raisonnable ; mais soyez assurée que j’atteindrai mon but. »

Ainsi parla lady Catherine, tout en se rendant à sa voiture ; et avant d’y monter, elle ajouta :

« Je ne prends pas congé de vous, miss Bennet, je ne vous charge d’aucun compliment pour votre mère ; vous ne méritez pas une telle faveur ; vous m’avez sérieusement offensée. »

Élisabeth ne fit aucune réponse, et sans chercher à engager cette dame à rentrer dans la maison, en prit elle-même tranquillement le chemin ; comme elle montait l’escalier, elle entendit partir la voiture ; sa mère d’un air fort empressé vint à sa rencontre, pour lui demander pourquoi lady Catherine n’était pas rentrée se reposer.

« Cela ne lui a pas convenu, dit sa fille, elle a voulu partir.

— Elle est bien belle femme vraiment ! Sa visite est d’une honnêteté extrême, car elle est venue, je présume, nous dire que les Colins se portent bien ; elle passait sans doute par Meryton et alors elle a pensé qu’elle ferait aussi bien de venir vous voir. J’imagine, Lizzy, qu’elle n’avait rien de particulier à vous dire ? »

Élisabeth se vit forcée de trahir ici quelque peu la vérité, car avouer le sujet de leur conversation, était absolument impossible.