Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/397

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chapitre 61


Heureux pour Mme Bennet fut le jour où elle se sépara de ses deux plus aimables filles : aucune inquiétude ne vint troubler sa joie ; les voir mariées était toute son envie : sa sollicitude maternelle n’allait pas au-delà. Avec quelle satisfaction elle visitait ensuite Mme Bingley et parlait de Mme Darcy ! Et je voudrais, pour le bien de sa famille, qu’il me fût possible d’ajouter que l’établissement de ses enfants, en remplissant tous ses vœux, sut aussi la rendre, pour le reste de sa vie, une femme aimable, sensée et instruite.

M. Bennet regretta beaucoup sa seconde fille ; sa tendresse pour elle l’éloigna plus souvent de chez lui qu’aucune autre chose ne le pouvait faire. Il aimait extrêmement à aller à Pemberley, surtout lorsqu’il y était le moins attendu.

M. et Mme Bingley ne demeurèrent qu’un an à Netherfield : le voisinage de Longbourn et de Meryton lassa enfin, et le caractère facile du mari et le bon cœur d’Hélen. Les sœurs de Bingley virent alors leurs désirs accomplis, car leur frère fit l’acquisition d’une terre dans un comté voisin de Derbyshire ; et Hélen et Élisabeth ajoutèrent à tant d’autres sources de félicité, le bonheur de n’être qu’à trente milles l’une de l’autre.

Kitty, à son grand avantage, passa la plus grande partie de son temps avec ses deux sœurs aînées, dans une société bien supérieure à celle qu’elle avait jusqu’alors connue. Ses progrès furent grands ; elle n’était point d’un caractère aussi indomptable que Lydia et, recevant, au lieu des mauvais exemples de celle-ci, des conseils sages et