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Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/48

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— La déplacer ! s’écria Bingley, il n’y faut pas penser. Ma sœur, je suis sûr, ne voudrait pas entendre parler de son déplacement.

— Vous pouvez être persuadée, madame, dit très froidement miss Bingley, que tant que Mlle Bennet demeurera ici, on aura pour elle toutes les attentions possibles. »

Mme Bennet fut prodigue de remerciements.

« Si je ne comptais sur vos bons soins, ajouta-t-elle, je serais vraiment inquiète, car elle est bien, bien malade ; elle souffre beaucoup, mais avec une patience d’ange : en vérité, on ne peut désirer un caractère plus aimable que le sien ; je dis souvent à mes autres filles qu’elles ne peuvent lui être comparées. Vous avez un fort joli salon, monsieur Bingley ; Netherfield est la maison la plus agréable qu’il y ait dans ces environs, j’espère que vous ne penserez pas à la quitter de sitôt.

— Tout ce que je fais est décidé à la hâte, reprit-il ; si je dois quitter Netherfield, je serai sans doute parti cinq minutes après en avoir eu l’idée. Cependant, pour le moment, je m’y crois fixé.

— Voilà absolument ce que j’eusse pensé de vous, dit Élisabeth.

— Vous commencez à me comprendre ! s’écria-t-il en se tournant vers elle.

— Oh ! oui, je vous entends parfaitement bien.

— J’aimerais à prendre ceci pour un compliment ; mais être sitôt pénétré, cela ne fait-il pas un peu pitié ?

— C’est selon : je ne prétends pas dire qu’un caractère caché, difficile à connaître, soit plus ou moins estimable que le vôtre.

— Lizzy ! s’écria sa mère, pensez où vous êtes, n’allez pas vous livrer à toutes ces boutades indiscrètes que l’on vous permet à la maison.

— Je ne savais pas, continua M. Bingley, que vous étudiassiez les caractères ; cette occupation doit être très intéressante.

— Oui ; mais les caractères embrouillés sont les plus amusants, ils ont du moins cet avantage.