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mais la jolie figure de Mlle Bennet fixa entièrement ses idées sur le droit de primogéniture. Le premier soir son choix fut fait, mais le lendemain amena quelque changement. Dans un quart d’heure de tête à tête avec Mme Bennet, la conversation, commençant par des détails sur son presbytère d’Hunsford, l’amena naturellement à dire que son espoir était de trouver à Longbourn une compagne qui voulût en partager la possession. Un sourire de Mme Bennet répondait à chaque mot de cette déclaration ; elle crut aussi lui devoir un avertissement au sujet de cette même Hélen, l’objet de sa préférence. C’était que, quant à ses autres filles, elle les croyait libres : « Mais je me trouve, ajouta-t-elle, obligée de vous prévenir que l’aînée pourrait bien ne pas l’être longtemps. »

Tout le changement qu’avait à faire M. Colins, c’était de transporter son affection d’Hélen à Élisabeth ; et l’affaire fut bientôt faite. Cette résolution s’opéra pendant que Mme Bennet arrangeait le feu de la cheminée.

Le projet de Lydia d’aller à Meryton n’était point oublié : toutes les sœurs, excepté Mary, consentaient à l’accompagner, et M. Colins devait les escorter, à la prière de M. Bennet, qui trouva ce moyen de s’en débarrasser et d’être enfin seul dans son cabinet. M. Colins l’y avait suivi aussitôt après le déjeuner et s’y était établi, comme pour lire un des in-folios de la bibliothèque, mais bien plus occupé de la description détaillée qu’il faisait de sa maison et de son jardin d’Hunsford.

M. Bennet perdait patience. « Dans mon cabinet je trouve le repos, avait-il coutume de dire à Élisabeth ; et, habitué à ne voir que folie et vanité dans le reste de la maison, là du moins rien ne me blesse… »

Il fut donc très pressant dans son invitation à M. Colins d’accompagner ses filles ; et lui, à qui la promenade convenait mieux que la lecture, fut fort aise d’y aller et de fermer son gros livre.

Fades compliments de son côté, réponses polies de la part des demoiselles formèrent toute leur conversation jusqu’à Meryton. Là cessa le peu d’attention que lui prêtaient