Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/79

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la fenêtre du parloir, secondait à haute voix cette invitation, mais le tout inutilement.

Mme Philips était toujours fort aise de voir ses nièces ; les deux aînées surtout, absentes depuis quelques jours, furent reçues à merveille : elle leur exprimait sa surprise de leur prompt retour à Longbourn, qu’elle n’aurait même pas su (car ce n’était pas leur voiture qui les avait reconduites), si M. Jones, par hasard la rencontrant, ne lui eût dit qu’il n’envoyait plus de drogues à Netherfield parce que les demoiselles Bennet étaient retournées chez elles.

Elle fut interrompue par Hélen, qui lui présenta M. Colins. Pour le recevoir, elle se mit en frais de politesse, qu’il lui rendit avec usure, demandant mille pardons de s’être ainsi présenté sans la connaître. Il espérait, il se flattait que sa conduite serait justifiée par sa parenté avec ces demoiselles, qui lui avaient fait la grâce de lui permettre de les accompagner.

Cette profusion de civilités mit en extase Mme Philips, mais son attention fut bientôt détournée par les remarques, les questions et les exclamations de ses nièces sur l’étranger qui les quittait ; elle ne put leur en dire que ce qu’elles savaient déjà ; qu’il venait de Londres, et qu’il était sous-lieutenant dans le… régiment.

Elle était restée plus d’une heure, ajouta-t-elle, à le regarder quand il se promenait dans la rue. Kitty et Lydia en eussent fait autant si M. Wickham eût reparu ; mais, par malheur, il ne passa sous les fenêtres que quelques officiers qui, comparés à l’étranger, n’étaient alors que des hommes si communs, si insupportables, si ennuyeux… Plusieurs d’entre eux devaient dîner le lendemain chez Mme Philips, et elle promit à ses nièces que, si elles voulaient y venir passer la soirée, son mari rendrait une visite à M. Wickham dans le dessein de l’inviter. Cette proposition acceptée, leur tante assura qu’elle prendrait soin d’arranger un joli loto, bien bruyant et bien agréable ; après quoi viendrait impromptu un bon petit souper chaud. L’assurance de plaisirs aussi délicieux répandit la joie ; on se sépara en se disant : « À demain. » M. Colins, au moment du départ, voulut