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Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/82

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voisines l’admiration que lui causait ces récits. Quant aux demoiselles qui ne pouvaient s’amuser autant des discours de leur cousin, l’attente leur sembla fort longue : elle eut un terme enfin. Les Messieurs revinrent au salon, et quand M. Wickham parut, Élisabeth pensa qu’elle ne l’avait encore que faiblement admiré.

De tout le régiment de…, en général bien composé ce qu’il y avait de mieux parmi les officiers se trouvait là réuni, mais aucun ne pouvait se comparer à Wickham, autant supérieur à eux tous, pour le ton et les manières, qu’ils l’étaient eux-mêmes au joufflu procureur Philips qui les suivit au salon. M. Wickham fut l’heureux mortel qui fixa sur lui les regards de presque toutes les dames ; et à Élisabeth, l’heureuse femme près de laquelle il s’assit enfin, l’air dont il se mit à causer avec elle du mauvais temps, de la crainte d’avoir un hiver pluvieux, il fit sentir qu’un homme aimable sait rendre intéressant le sujet le plus mince et le plus ordinaire. De tels rivaux près des dames semblaient anéantir le pauvre M. Colins. Les jeunes personnes l’oublièrent entièrement ; mais de temps en temps Mme Philips l’écoutait encore avec plaisir, et par ses soins il fut abondamment servi de thé et de muffins. [1]

Quand on se mit au jeu, il la paya de ses attentions en faisant le quatrième au whist.

« Je joue peu le whist, dit-il, mais je serai charmé de le mieux apprendre, car dans mon état… »

Sans vouloir entendre toutes ses raisons, Mme Philips lui sut gré de cette complaisance.

M. Wickham ne jouant pas le whist, fut accueilli avec transport à l’autre table, entre Élisabeth et Lydia : celle-ci, extrêmement bavarde, semblait vouloir l’occuper exclusivement, mais le loto qu’elle aimait aussi beaucoup, prit bientôt toute son attention. M. Wickham eut donc le loisir de parler à Élisabeth, qu’il trouva très disposée à l’écouter ; toutefois n’espérant pas apprendre de lui ce

  1. Gâteaux que l’on mange avec le thé.