Page:Austen - Persuasion.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que bal de cérémonie donné dans le voisinage, et les fleurs de treize printemps avaient fleuri depuis qu’elle allait, avec son père, jouir des plaisirs de Londres pendant quelques semaines. Elle se rappelait tout cela, et la conscience de ses vingt-neuf ans lui donnait des appréhensions et quelques regrets. Elle se savait aussi belle que jamais, mais elle sentait s’approcher les années dangereuses, et aurait voulu être demandée par quelque baronnet avant la fin de l’année. Elle aurait pu alors feuilleter le livre par excellence avec autant de joie qu’autrefois ; mais voir toujours la date de sa naissance, et pas d’autre mariage que celui de sa jeune sœur, lui rendait le livre odieux ; et plus d’une fois, le voyant ouvert, elle le repoussa en détournant les yeux.

D’ailleurs elle avait eu une déception que ce livre lui rappelait toujours. L’héritier présomptif, ce même William Walter Elliot dont les droits avaient été si généreusement reconnus par son père, avait refusé sa main. Quand elle était toute petite fille, et qu’elle espérait n’avoir point de frère, elle avait songé déjà à épouser William, et c’était aussi l’intention de son père. Après la mort de sa femme, Sir Walter rechercha la connaissance d’Elliot. Ses ouvertures ne furent pas reçues avec empressement, mais il persévéra,