Page:Austen - Persuasion.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

peut l’être une personne qui passe son temps à prendre les eaux, à lire les nouvelles et à faire des visites.

Quand elle connut davantage M. Elliot, elle devint plus charitable pour lui ou plus indifférente pour les autres. Il se recommandait par ses manières. Elle lui trouvait un esprit si sérieux et si agréable qu’elle fut prête à s’écrier : « Est-ce là M. Elliot ? » et qu’elle ne pouvait imaginer un homme plus parfait : intelligence, jugement, connaissance du monde, et avec cela un cœur affectueux. Il avait des sentiments d’honneur et de famille, ni orgueil, ni faiblesse ; il vivait sans faste, mais avec la libéralité d’un homme riche. Il s’en rapportait à son propre jugement dans les choses importantes, mais ne heurtait pas l’opinion publique lorsqu’il s’agissait de décorum. Il était ferme, observateur, modéré et sincère, ne se laissant emporter ni par son humeur, ni par son égoïsme, déguisés sous le nom de sentiments élevés, et cependant il était touché par tout ce qui était aimable et bon. Il appréciait tous les bonheurs de la vie domestique, qualité que possèdent rarement les caractères enthousiastes et remuants. Lady Russel était persuadée qu’il n’avait pas été heureux en mariage ; le colonel Wallis le disait ; mais cela ne l’avait point aigri ; et lady