Page:Austen - Persuasion.djvu/239

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Wenvorth pliait sa lettre à la hâte, il ne put ou ne voulut pas répondre à cela.

« Oui, dit-il, nous nous séparons ; mais nous vous suivrons bientôt, c’est-à-dire Harville, si vous êtes prêt, je le suis dans une minute ; je sais que vous ne serez pas fâché d’être dehors. »

Wenvorth, ayant cacheté rapidement sa lettre, semblait pressé de partir. Anna n’y comprenait rien. Harville lui dit un amical adieu ; mais de Wenvorth elle n’eut pas un mot, pas un regard, quand il sortit.

Elle n’avait eu que le temps de s’approcher de la table, quand la porte s’ouvrit, et qu’il rentra. Il s’excusa, disant qu’il avait oublié ses gants ; il s’approcha de la table, et, tirant une lettre de dessous les autres papiers, la mit sous les yeux d’Anna en la regardant d’un air suppliant, puis il sortit avant que Mme Musgrove eût le temps de voir s’il était entré.

Anna fut agitée au delà de toute expression. La lettre, dont l’adresse « Miss A. E. » était à peine lisible, était celle qu’il avait pliée si rapidement. On croyait qu’il écrivait à Benwick, et c’était à elle ! La vie d’Anna dépendait du contenu de cette lettre ! Mais tout était préférable à l’attente, Mme Musgrove était occupée ailleurs, et Anna put, sans être aperçue, lire ce qui suit :

« Je ne puis me taire plus longtemps. Il faut