Page:Austen - Persuasion.djvu/243

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

il s’empressa d’accepter, réprimant un sourire et une joie folle.

Une minute après, Charles était au bout de la rue, et Wenvorth et Anna se dirigeaient vers la promenade tranquille, pour causer librement pendant cette heure bénie, qu’ils se rappelleraient toujours avec bonheur. Là ils échangèrent de nouveau ces sentiments et ces promesses qui avaient déjà une fois engagé leur avenir et qui avaient été suivis de longues années de séparation et d’indifférence. Ils se rappelèrent le passé, plus parfaitement heureux qu’ils ne l’avaient jamais été, plus tendres, plus éprouvés, plus certains de la fidélité et de l’attachement l’un de l’autre ; plus disposés à agir, et plus justifiés en le faisant. Ils montaient lentement la pente douce, ne voyant rien autour d’eux, ni les passants qui les coudoyaient. Ils s’expliquaient et se racontaient, sans se lasser jamais, les journées précédentes. C’était bien la jalousie qui avait dirigé toute la conduite de Wenvorth ; mais il n’avait jamais aimé qu’elle. Il avait voulu l’oublier, et croyait y avoir réussi. Il s’était cru indifférent, tandis qu’il n’était qu’irrité ; il avait été injuste pour les qualités d’Anna, parce qu’il en avait souffert. Maintenant elle était pour lui la perfection absolue, mais il reconnaissait qu’à Uppercross seu-