Page:Austen - Raison et Sensibilité.djvu/569

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avec toute sa douleur ; l’instant d’après elle voulait se séquestrer pour toujours : tantôt abattue à ne pouvoir presque pas parler ni faire un mouvement, tantôt se relevant avec énergie. Dans un seul point elle ne changeait jamais, c’était d’éviter autant que possible la présence de madame Jennings, et quand elle ne le pouvait, de garder un opiniâtre silence. Il fut impossible à sa sœur de lui persuader que madame Jennings entrait dans ses peines avec une vraie compassion. Non, non, répondait elle, c’est impossible ; la sensibilité n’est pas dans sa nature. Vous le voyez, elle connaît et sent si peu mon chagrin, qu’elle croit pouvoir l’adoucir par des boissons ou par des mets plus recherchés. Elle me plaint comme elle plaindrait son chat,