Page:Austen - Raison et Sensibilité T2et3.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

supposez que je ne suis pas susceptible d’un attachement vif, et que par conséquent je ne suis pas très-malheureuse. Vous vous trompez ; j’ai tendrement aimé Edward, et j’ai cru l’être de lui ; j’ai long-temps nourri l’espoir enchanteur d’être sa compagne, et la certitude que nous serions heureux ensemble. Le coup qui m’a frappée était complètement inattendu, et m’a laissée sans espérance et sans consolation. Pendant quatre mois j’ai porté seule tout le poids de ma douleur, sans avoir la liberté de la soulager en la confiant à une amie, ayant non seulement mon propre chagrin à supporter, mais aussi le sentiment du vôtre et de celui de ma mère quand vous viendriez à l’apprendre, et n’osant pas même vous y préparer. J’avais su mon malheur par la personne même