Page:Austen - Raison et Sensibilité T2et3.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la punition d’un amour auquel je devais renoncer, et tout cela dans un moment où j’avais encore à supporter le malheur d’une sœur chérie. Ah Maria ! si vous ne me jugez pas tout-à-fait insensible, vous devez penser que j’ai bien assez souffert. Cette fermeté, ce courage qui vous étonnent sont le fruit de mes constans efforts pendant tout le temps que j’étais forcée de me taire ; si j’avais pu vous en parler dans les premiers momens, vous m’auriez trouvée peut-être aussi faible que je vous parais forte à présent ; ah ! je n’aurais pas même alors pu vous cacher à quel point j’étais malheureuse !

Maria fut tout-à-fait convaincue, et ses larmes recommencèrent à couler. Oh Elinor ! s’écria-t-elle, combien je me hais moi-même. Comme j’ai été barbare