Page:Austen - Raison et Sensibilité T2et3.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et qui demeurait même chez la dernière comme une amie intime. Est-ce vrai, mademoiselle, je m’en rapporte à vous ?

Elinor dit que rien n’était plus vrai.

— La cruauté et le danger de séparer deux jeunes cœurs attachés l’un à l’autre depuis long-temps, dit avec sentiment le colonel, m’ont toujours paru une des responsabilités les plus terribles. Il s’agit du bonheur ou du malheur, non-seulement dans cette vie, mais aussi dans l’autre. Ma triste expérience là-dessus me fait trembler. Madame Ferrars ne sait pas ce qu’elle fait, et où elle pouvait entraîner son fils. Le malheur d’être déshérité est bien léger auprès de celui qui l’attendait dans un mariage forcé, et auprès des remords d’avoir man-