Page:Austen - Raison et Sensibilité T2et3.djvu/339

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songeant point à son bonheur, ne pensant qu’à mon triomphe et à mes plaisirs du moment, animé par son entretien plein de feu, je lui parlai le langage dont j’avais l’habitude avec les femmes ; je témoignai des sentimens que je n’éprouvai pas ; je tâchai par tous les moyens possibles de me faire aimer sans avoir le dessein de lui rendre son affection.

Elinor, indignée, lui jeta un regard plein de mépris, et l’interrompit en lui disant : Il est inutile, M. Willoughby, que vous parliez plus long-temps et que je vous écoute. Un tel commencement dit tout ; il ne peut être suivi de rien que je veuille entendre ; je vous prie de me dispenser d’un plus long entretien.

— J’insiste sur ce que vous entendiez tout, répliqua-t-il ; vous