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Page:Austen - Raison et Sensibilité T2et3.djvu/415

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drait le croire pour que je dusse penser que c’était le sort qu’il me destinait ! Ah ! cette idée est cruelle, affreuse, et troublera toujours ma tranquillité.

Elinor recueillait toutes les paroles de sa sœur dans son cœur, et lui répondit : Si vous étiez donc convaincue qu’il n’a jamais eu sur vous de projets coupables et qu’il vous a vraiment aimée, vous seriez contente et tout-à-fait à votre aise ?

— Oui, oui, je vous le jure, et j’en suis sûre. Ma paix y est doublement intéressée ; car non seulement il est horrible de suspecter d’un tel dessein une personne qu’on a aussi passionnément aimée ; mais ce dessein me fait honte à moi-même. Je lui ai montré mon attachement avec tant de confiance et si peu de retenue,