Page:Austen - Raison et Sensibilité T2et3.djvu/421

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et ce digne colonel Brandon ! combien n’ai-je pas de reproches plus cruels encore à me faire ? Je m’endurcissais le cœur contre toutes nos connaissances ; je m’irritais moi-même de leurs attentions ; je leur cherchais des défauts, des ridicules. Avec John, avec Fanny même, quelle qu’ait été leur conduite, je n’ai pas été comme j’aurais dû l’être avec le fils de mon père ; j’envenimais leurs torts au lieu de les pallier. Mais vous, mon Elinor, mon incomparable amie, mais ma mère, la meilleure des mères ! combien vous ai-je tourmentées de mes peines ! Moi qui connaissais votre cœur, votre attachement sans borne pour moi, qui devait me consoler de tout ; quelle influence a-t-il eue sur mes chagrins ? Aucune ; je m’y suis livrée tout entière, sans penser com-