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X


LA VACHE



Nous avions sur le pont, durant ce long voyage,
Une vache au flanc roux qui, de son pur laitage,
Abreuvait une femme et deux enfants jumeaux,
Bercés dans un hamac par le roulis des eaux.
Du vaste azur des mers partout environnée,
Elle voguait pensive, inquiète, étonnée.
Morne, elle regrettait, sur le plancher mouvant,
La plaine qui jamais n’ondule sous le vent,
Et les gazons connus, vert tapis de la terre.
C’était pitié de voir son chagrin solitaire...
Après quarante jours de deuil silencieux,
D’une clameur sonore elle frappa les cieux,