Page:Autran - Œuvres complètes, t1, 1875.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et que je vins si loin meurtrir sur les galets
Mon petit pied chaussé de soie.

Non pas ; je demandais — un caprice est permis —
Le spectacle des flots irrités, insoumis,
L’onde sublime de colère.
Alerte ! c’est dormir assez, roi fainéant !
Étale tes horreurs, formidable Océan !
Déchaine-toi pour me complaire !... »

Elle parlait ainsi, la belle aux cheveux d’or ;
Et l’Océan dormait : ce n’était pas encor
Cette voix qui le ressuscite.
Il dormait, il gardait le calme souverain
Du roi lion qui rêve en sa cage d’airain
Tandis qu’un faible enfant l’excite.

À travers les barreaux, le téméraire enfant
Pousse un roseau fragile, et, d’un air triomphant,
Atteint le monstre qui repose.
Le lion le regarde, insensible à ce jeu.
Il ne lui convient pas de quitter pour si peu
Sa somnolence grandiose !