Page:Autran - Œuvres complètes, t1, 1875.djvu/36

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c'est aussi, et surtout, l'intelligence d’une époque, le sens intime et profond de la couleur historique. De quelle plume, exacte autant que poétique, sont décrits ces temps et ces hommes ! Quand on a feuilleté les mémoires et les journaux de l’époque, quand on a lu ce livre des Girondins qui fut écrit sous la dictée d’une muse, quand on a médité sur les annales de la Révolution tracées par ces historiens illustres, enfants du même berceau, que j’appellerais aujourd’hui les gloires de ma Provence, s'il était permis de flatter la petite patrie au préjudice de la grande, on reconnaît que la poésie ne pouvait refléter l'histoire dans un plus fidèle miroir.

Il faut le dire, ce sentiment de la couleur des temps est un des traits qui distinguent le talent de François Ponsard. La critique l’avait remarqué dans Lucrèce, dont les Romains sont de vrais Romains de la première période ; elle l’avait retrouvé dans Agnès de Mèranie, simple et loyale esquisse des temps chevaleresques, qui rappelle par moments la grâce de Joinville ; elle devait le revoir plus tard dans le drame du Lion amoureux où les mœurs du Directoire seront peintes dans leur triste nudité. L’auteur, dans la seule préface qu’il ait écrite, se rend à lui-même ce témoignage : « Avant de choisir une action, j’ai toujours choisi une époque, et me suis dé-