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L’HÉRITIER PRÉSOMPTIF.


Sois robuste et vaillant pour quand viendra la peine.
Hérite de ton père un sang vivace et pur :
Bois, à longs traits, la force et la gaîté sereine,
Dans le lait de ta mère, au sein veiné d’azur.

Sois bon : la bonté sainte est la sœur de la force.
Les forts sont les meilleurs. Vois le chêne des bois :
L’abeille fait son miel sous sa rugueuse écorce ;
Sa branche nourrit l’homme et l’abrite à la fois !

Sois prudent : la sagesse est la plus sûre garde !
Pour semer ton sillon, choisis l’heure et le vent.
Rarement fructifie un grain que l’on hasarde,
Et, comme l’espérance, il avorte souvent.

Rive la patience à ton cœur : si l’orage
A trempé sur le sol ou dispersé tes foins,
Au lieu d’en accuser le vent ou le nuage,
Fermier, songe à toi-même, et redouble de soins !

Crains l’orgueil du savoir, ce vin qui vous enivre.
Cherchant un conseiller, médite bien ton choix.
Interroge un vieillard plus volontiers qu’un livre :
Ceux-là sont les savants qui parlent d’autrefois.