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LA TREILLE.


« Mère, dit-il, la grappe est mûre !
(Hier elle était verte encor.)
Mère ! aujourd’hui, soyez-en sûre ;
Regardez bien sous la ramure
Ce beau fruit noir, ce beau fruit d’or ! »

Et la mère en ses bras le dresse,
Les pieds posés contre son sein,
Et l’heureux marmot qui s’empresse
Atteint déjà la branche épaisse,
Déjà saisit le blond raisin.

Il tire à lui grappe et feuillage ;
Et mille oiseaux qui, pour la nuit,
S’étaient blottis dans le treillage,
Partent soudain comme un nuage,
Battant des ailes avec bruit.

Et ce réveil et cette enfance,
Et ces fruits mûrs à la saison,
C’est le plaisir, c’est l’espérance…
Et c’est ainsi qu’un jour commence
Autour d’une pauvre maison !