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LA VIE RURALE.

Et de s’y bien nourrir des antiques vertus. —
Or l’enfant, dont cet ordre a glacé le sourire,
Lit tout bas, et le chien lui-même semble lire.
L’écolier, par moments, relève un peu le front.
L’étude a bien son prix, mais un rien l’interrompt :
Pour qu’on néglige enfin les Volsques, pour qu’on laisse
Rentrer sournoisement le mari de Lucrèce,
Ou le fier Scævola s’approcher du brasier.
Que faut-il ? Qu’un oiseau chante dans le rosier,
Qu’un papillon, dont l’aile au hasard se gouverne,
Vienne poser son vol sur un brin de luzerne !
Au contraire, le chien, qui d’ailleurs se fait vieux,
Le brave et digne chien ne quitte pas des yeux
Son De Viris, ouvert largement sur la pierre.
À son air immobile, au pli de sa paupière,
On dirait qu’à défaut de l’indolent garçon
Il veut au moins apprendre un peu de la leçon.

À la fin cependant, pris de fatigue, il bâille ;
Et son voisin alors : « Travaille, ami, travaille !
Quiconque est paresseux ne saura jamais rien.
Je ne te parle ainsi, d’ailleurs, que pour ton bien, »
Comme dit quelquefois, quand je dors sur la table,
Mon maître Blazius, un savant redoutable !