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CE QUI SE DIT DANS LES BRANCHES.

À la nuit la plus calme en tremblant je me fie.
L’ombre a pour moi toujours des épouvantements :
Aux moindres voix de l’air dans les rameaux dormants,
À la moindre clarté qui jusqu’à moi pénètre,
La fièvre, j’en conviens, agite tout mon être.
Par une telle nuit, jugez de mon effroi !
Les peureux sont vraiment à plaindre, croyez-moi !

— Ne vous étonnez pas que Dieu vous soit sévère,
Criait un courlis sombre, orateur qu’on révère.
Les vices, les méfaits, multipliés chez vous,
N’ont que trop allumé le céleste courroux.
Bouvreuils à qui je parle, et vous, fauvettes, cailles,
Dieu sait ce qui se passe à l’ombre des broussailles ;
Le diable en rit chez lui, préparant ses fourneaux.
Ne m’interrompez pas : silence aux étourneaux !
Convoitise, paresse et luxure notoire,
Je le dis à regret, souillent mon auditoire.
Les petits passereaux naissent tout pervertis.
Oiseaux, malheur à vous, je vous en avertis.
Si vous ne profitez de l’heure qui vous reste,
Le sort qui vous attend sera le plus funeste :
L’ennemi n’est pas loin, j’aperçois le chasseur ;
Et qui voit le chasseur prévoit le rôtisseur ! »