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LA VIE RURALE.

Même sous les splendeurs de mai qui refleurit,
Rome est encor, parfois, de là-haut regardée.
Il attend de Mécène une lettre attardée ;
Il songe à ses amis et voudrait les avoir ;
Car à quoi bon les fleurs et les fruits du terroir,
Si, pour mieux en goûter le charme plus intime,
On ne sent près de soi Lollius ou Septime ?
Que dis-je, les amis ? est-il fête ici-bas
Digne d’emplir le cœur, si l’amour n’en est pas ?
Accourez, Tyndaris, et Glycère, et Lydie !
Viens, brune Phidylé ! viens, blonde Gratidie !
Enfin toi, dont le rire est si plein de douceurs,
Accours, ô Lalagé ! belle parmi tes sœurs.
La lune brille au ciel ; sur les herbes naissantes,
Dansez, nymphes des bois ! dansez, Grâces décentes !

Le temps fuit cependant ; déjà le ciel plus gris
Souffle un premier vent froid sur les pampres flétris ;
Du Soracte neigeux on voit blanchir la crête :
Dès lors, adieu les champs ! — Ainsi vit le poëte ;
Ainsi Rome et Tibur se partagent ses jours ;
Ainsi, même au désert, préoccupé toujours
De Rome qui partout, malgré lui, l’accompagne,
Horace est campagnard, — Virgile est la campagne !