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LA POÉSIE LATINE.

Si de l’écolier sombre il a séché les larmes,
Au bonheur d’être libre il ajoute des charmes.
Dans la campagne en fleur quand je sors aujourd’hui,
Quand je vais dans les bois, ce n’est jamais sans lui.
Souvent, des jours entiers, couché sous quelque ombrage,
L’œil errant au hasard des rameaux à la page,
Je reste là, lisant, regardant, rapprochant
Ce double et cher trésor, mon poëte et mon champ !
Complétant par un vers, qui l’explique et l’achève,
Un bruit de la futaie où j’abrite mon rêve ;
Continuant un vers par le chant d’un oiseau,
Par le gazouillement sonore d’un ruisseau ;
Et sans cesse et toujours, de la nature au livre,
Puisant à flots pareils le charme qui m’enivre,
Et ne fermant jamais le volume immortel
Que pour mieux voir l’azur, le chaste azur du ciel !

Ô livre ouvert sans cesse et que nul ne remplace !…
Un du moins l’accompagne, et c’est ce bon Horace :
Horace, qui chez moi dormit une saison,
D’un oubli sans injure eut bien vite raison.
De l’homme qui vieillit Horace est le poëte :
Les jours vont s’écoulant, et lui s’en inquiète.
Se voyant près du bord qu’on ne repasse pas,